Lorsque
Uber s’est répandu dans le monde entier, on a pris conscience d’une nouvelle
réalité vouée à prospérer : désormais, votre patron pouvait être un algorithme,
un programme informatique. (…) Et on a vite remarqué qu’un algorithme était un
patron exigeant (…), que, quand on veut changer les conditions de travail, il
suffit de changer l’algorithme, ce que Uber ne s’est pas gêné de faire à
quelques reprises, sans négocier quoique ce soit. (…)
Bref,
on en venait presque à regretter le patron à l’ancienne, humain et faillible,
face à la froide puissance de ce que les chercheurs belges Antoinette Rouvroy
et Thomas Berns appellent “la nouvelle gouvernementalité algorithmique”. Sauf
que voilà, il ne faut pas mésestimer l’insoumission de l’être humain - et du
travailleur en particulier.
Ainsi
il semblerait que dans certaines villes, les chauffeurs Uber aient mis au point
une stratégie très efficace pour tourner à leur avantage le calcul automatique.
Quand ils voient se profiler un pic de demandes prévisibles (c’est le week-end
et il y a un gros événement dans la ville), les chauffeurs se débranchent tous
de la plateforme en même temps. Ce qui a pour effet de faire chuter brutalement
l’offre, alors même que la demande augmente. D’où une hausse automatique du
prix de la course (certains disent jusqu’à 6 fois).