Ce qu’on entend au sujet des
formes nouvelles d’entreprise, “sociale”, collaborative, voire digitale,
traduisent une déception. Ce que beaucoup attendent est une transformation
majeure du modèle, pas l’utilisation de technologies nouvelles pour faire comme
avant. Notre problème est qu’on attend quelque chose de pérenne et uniforme.
Soit cela fonctionne tout le temps d’une manière donnée, soit cela ne
fonctionne pas.
Or l’entreprise telle qu’elle
est rêvée voire idéalisée par certains, faite de transparence, de collaboration
pleine et parfaite, de créativité, d’initiatives, d’autonomie, de résilience ne
remplit pas ces conditions : elle est le fruit d’un état profondément instable
des rapports humains qui semble l’empêcher d’obtenir le label “global, uniforme
et pérenne”. Qu’une personne ne joue pas le jeu et elle peut contaminer tout le
système. Que cela ne “colle” pas entre deux personnes et le système peut se
gripper.
D’abord, il faut comprendre que ça n’est pas parce que c’est à l’œuvre
de manière uniforme que cela fonctionne bien. Ensuite, il faut limiter les
écarts, ce qui signifie faire en sorte que tout le monde tire dans la même
direction, même imparfaitement. Enfin, il faut faire en sorte que les
collaborateurs s’y investissent sans retenue. Mais attention à l’engagement qui
est en passe de devenir le grand “buzzword” : l’engagement est une
question de réciprocité. Dans l’entreprise collaborative, le sujet n’est pas la
collaboration mais l’entreprise.