Un ERP est-il un déclencheur ou un étouffoir
d’innovations organisationnelles ? Comme on pouvait le supposer avec Philippe
Lorino : la réponse n’est pas dans l’outil mais dans l’intention du management.
Par définition, un ERP gère une même information pour tous les usages qu’on en
fait. Avec sa saisie unique, on gagne en fiabilité et en réactivité. Mais
qu’est-ce qu’on perd ?
Certains considèrent que cette intégration informatique véhicule un modèle
d’organisation préalable qui devient vite kafkaïen, un étouffoir pour
l’innovation. A l’inverse, d’autres considèrent que cette intégration technique
impose aux différents métiers de mieux travailler ensemble, transversalement
aux processus.
Tout verrouillage croisé de l’ERP, déclenche un schéma « abductif » de
l’innovation : face à une contrainte insurmontable par les acteurs, il faut
trouver un nouveau modèle explicatif. Cette résolution ne peut naître que de la
collaboration effective des différents métiers concernés. Les cloisonnements
verticaux de l’organisation tombent.
Sinon, chacun fait face comme il peut, et écrit son petit bout de phase sans
connaître celui des autres. Ce jeu d’écriture, appelé « cadavre exquis » par
les surréalistes, donne des phases comme : « le chameau se repose dans le
tiroir de la goélette à l’heure du laitier ».