Lutter contre la mode, même
quand elle est stupide, est une entreprise presque désespérée. Le mot «
informatique » est jugé « ringard » alors que « numérique » ou « intelligent »,
c'est plus chic. Mais ces mots si chics sont de faux amis. « Numérique »
oriente l'intuition vers un codage sous forme de nombres et vers le calcul et
détourne l'attention de la dimension anthropologique. « Intelligent » est
encore plus dévastateur car il néglige l'articulation du cerveau humain et de
l'automate, alors qu'elle est la clé d'une informatisation réussie.
Cette malédiction frappe
aussi les termes les plus courants : on dit « donnée » pour désigner une
observation et cela fait croire que les « données » sont le reflet de la nature
alors qu'elles supposent une sélection préalable dans l'immensité de
l'observable. On dit « objet » pour désigner la représentation informatique
d'un être réel qui, lui, est l'objet que l'on observe.
Chez les non-experts et notamment chez les dirigeants, ces faux amis
sont une source continuelle de malentendus et un obstacle insurmontable pour la
compréhension : ils ne sont pas pour rien dans les blocages que l'on constate
si souvent.
Que ceux qui travaillent des « modèles » méditent sur le poncif suivant « la carte n'est pas le territoire » ! C'est le cas de notre ami Henri Chelli qui vient de sortir un ouvrage : « Nouvelle
démarche d'organisation et d'informatisation » aux Editions Lavoisier. Sur la complexité du SI expliquée à mon DG, nous vous conseillons cette vidéo, en attendant de lire « l'Infotechnocratie, le déni de complexité dans l'informatique » de Léon Lévy Bencheton.