Dans une note envoyée à
l’ensemble du personnel, le patron de Nokia reconnaît qu’Apple et Google ont
pris le monde au dépourvu en adoptant une logique d’innovation. « La
guerre des produits est devenue une bataille entre écosystèmes ; ceux-ci
incluent, non seulement les matériels et les logiciels, mais aussi les
développeurs, les applications, les commerces en ligne, la publicité, les
moteurs de recherche, les réseaux sociaux, les services liés à la localisation,
l’unification des communications et bien d’autres choses … Nos concurrents ne
nous prennent pas nos parts de marché avec nos produits mais avec tout un
écosystème »
Le diagnostic vaut bien
au-delà des mobiles : osons donc une analogie. Au lieu d’offrir une maison
classique, imaginons qu’un industriel propose un large territoire muni
d’infrastructures et de règles permettant à des habitants futurs et des
fournisseurs de se rencontrer pour construire les maisons, les objets et
services qui leur plaisent. Ce qui compte d’abord, c’est le potentiel et
l’enthousiasme que suscite le territoire. Puis la facilité d’utilisation et de
transaction, ainsi que la variété et l’originalité des services offerts.
Or cette indétermination des frontières de la plate-forme qui en découle
pertube les règles du jeu commercial. Car qui doit payer quoi à qui ?
L’industriel a conçu la plate-forme, mais le succès revient aussi à
l’inventivité des fournisseurs, qui bénéficient de la clientèle attirée par la plate-forme. A
l’instar des projets de villes nouvelles, le succès des plates-formes tient à
une dynamique vertueuse et au partage coopératif de la rente entre les
participants à l’écosystème. Autant de défis que beaucoup d’entreprise auront à
relever.