Si les pirates du XVIIIe
siècle veulent échapper à l’arbitraire et la brutalité des officiers de la
Marine régulière, ils ne renoncent pas pour autant à la gouvernance. Elle
assure la stabilité et la capacité de prise de décision à cette association que
constitue l’équipage, et dont l’objectif est la maximisation du profit.
Tout commence avec l’adoption
d’une constitution (le code des pirates) qui prévoit notamment l’élection du
capitaine et du quartier-maître, et la séparation de leurs pouvoirs : les
manœuvres et les combats pour le premier, l’intendance et le partage du butin
pour le second.
Des parts et demi-parts sont
prévues selon les mérites, la fonction et la spécialité. Mais
chacun est assuré de recevoir au moins une part (le simple matelot) et au plus
deux parts et demi (le capitaine méritant). Loin de toute idéologie égalitaire,
cette répartition minimise les conflits et motive chacun à maximiser la prise
collective.
De plus, elle pérennise
l’association : ceux qui toucheraient de trop faibles rémunérations
pourraient affaiblir l’entreprise ; ceux qui recevraient des rémunérations trop
élevées pourraient se retirer et mettre un terme à l’association.
Les pirates voguaient sur des vaisseaux volés et n’avaient donc pas
besoin de capitaux. Chaque équipage constituait ainsi une association de pairs,
un peu comme un cabinet d’avocats. Optimisation du « coût de
décision », production de « biens publics », réduction des
« externalités négatives », … A l’heure de l’économie informelle, il
n’y a pas que les enfants qui portent un regard frais et fasciné sur le monde
des pirates.