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« PETITS ÉCRITS » SUR LE MANAGEMENT : le blog

Smart, enquête sur les internets, de Frédéric Martel (Stock)

« Smart, enquête sur les internets » vous invite au voyage. En parcourant la planète, en menant une enquête de terrain, Frédéric Martel nous livre en 400 pages quantité d'expériences, d'usages, de mises en perspective et parfois même de combats sur le déploiement de l'internet et ses usages. Et c'est très bien. Mais ...

Avec « Mainstream », Frédéric Martel avait enregistré un joli succès de librairie, mérité tant l’enquête était minutieuse, résolument inscrite à l’échelle planétaire tout en respectant ses plaques régionales, et embrassant les pans dominant de la culture et des médias. « Smart, enquête sur les internets », son nouvel opus, est tout aussi intéressant. Il adopte la même formule, l'enquête de terrain, pour l'appliquer au domaine de l'internet. 

Mais la thèse proposée, à savoir que l’internet n’est pas global et qu’il en existe autant que de territoires, n’est pas réellement démontrée … tant elle est évidente. Il faut attendre le dernier chapitre pour enfin aborder clairement ce qui segmente internet : les langues. C’est le principe même de la recherche Google ou des domaines Wikipédia. Oui, les usages du web sont enfermés dans leur espace linguistique. Et réciproquement, les espaces linguistiques créent les conditions d’émergence d’usages spécifiques, satisfaisant chaque communauté. Et beaucoup d’exemples en sont donnés dans le livre.

L’internet n’est évidemment pas global. Qui l’affirmerait devrait également nier l’existence des cultures, que la pensée d’un néo-zélandais est en tout point identique à celle d’un québécois. Absurde non ? Ce n’est pas parce que quelques initiatives ont rencontré, bizarrement, des succès planétaires (Facebook, Twitter, …) que cela fait de l’internet un truc global, uniformisant les usages et les esprits. En tant que vecteur, l’internet véhicule les cultures. Et lorsqu’une marque, qu’elle soit de l’internet ou non, souhaite prendre pied sur un territoire, la société doit en comprendre les codes. Si Amazon ou Séphora veulent se déployer en Inde, l’un comme l’autre doit localiser son modèle pour réussir, c’est-à-dire l’adapter à son environnement (*). Et ce n’est pas qu’une affaire de marketing. Il faut parfois accepter d’adapter le(s) service(s) voire le(s) produit(s). Toutes les sociétés internationales en ont fait l'expérience.

Si l’on fait abstraction de cet engagement à vouloir démontrer une thèse, Smart est un livre à lire, par tous les esprits ouverts, désireux de découvrir des usages qui peuvent naître ici ou là, dans des contextes très éloignés de l’hexagone. Le tour du monde qu’il offre est suffisamment large, de Johannesburg à Gaza, de Porto Digital (Recife) à Skolkovo (Moscou), de San Francisco à Shenzhen, … pour comprendre que la diversité est une réalité, que les réussites seront régionales avant d’être mondiales. L’ouvrage dessine plutôt bien les enjeux dans le domaine éducatif par exemple, et jusqu’à son dernier chapitre, qui fait entre autre le triste constat que la politique européenne est plutôt dépassée par le sujet, en privilégiant le déploiement d’infrastructures haut débit aux « contents ».

Laurent HOUMEAU

Paru en avril 2014. Lu pendant l'été.


(*) D’une certaine manière, nous en avons fait un peu l’expérience avec classissima.com. Après l’ouverture de sa 5ème édition, en Allemand, nous avons alors voulu apporter de la transversalité aux contenus (actu, vidéo, …). De manière évidente, il fallait agréger ces contenus par compositeurs et interprètes. Nous en avons retenu un peu plus de 6000, dont environ 2000 compositeurs. Ce faisant, nous avons d’abord pris conscience de quelques difficultés « techniques », puisque Prokofiev ne s’écrit pas de la même manière dans nos 5 éditions (comme beaucoup d’autres patronymes). Et lorsque nous avons voulu organiser ces 2000 compositeurs au sein d’une frise chronologique, nous avons découvert que les italiens, les allemands, les francophones, les anglo-saxons et les hispaniques ne partagent pas la même représentation de 10 siècles de musique classique, comme ils ne classent pas tous les compositeurs ou interprètes au même rang. Il n’y a donc pas une musique classique mais des musiques classiques. D’autres devaient le savoir bien avant nous.


A venir :

  • Comment j'ai vaincu la crise, Franklin D. Roosevelt (Les petits matins)
  • Main basse sur la culture, Michaël Moreau & Raphaël Porier (La découverte)
  • Business Model Nouvelle Génération, Alexander Osterwalder & Yves Pigneur (Pearson)
  • Pour tout résoudre, cliquez ici, Evgeny Morosov (Fyp Editions)


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